Les heures souterraines ***
Mathilde élève seule ses trois enfants depuis qu'elle a perdu son mari dans un accident de voiture. Elle a trouvé un emploi à responsabilités dans une grosse entreprise qui lui a permis de refaire surface. Chaque jour, elle prend la ligne 9, puis la ligne 1, puis le RER D jusqu'au Vert-de-Maisons. Chaque jour, elle effectue les mêmes gestes, emprunte les mêmes couloirs de correspondance, monte dans les mêmes trains. Chaque jour, elle pointe, à la même heure, dans cette entreprise où on ne l'attend plus, car depuis quelques mois, sans que rien n'ai été dit, sans raison objective, Mathilde est mise à l'écart et n'a plus rien à faire.
Thibault est médecin aux Urgences Médicales de Paris après avoir exercé quelques années à la campagne. Il vient de rompre avec Lila. Chaque jour, il monte dans sa voiture, se rend aux adresses que le standard lui indique. Chaque jour, il est coincé dans des embouteillages. Chaque jour, il côtoie la misère du monde.
Nous sommes le 20 mai. Ce matin, Mathilde est épuisée. Une voyante lui a annoncé qu'un homme, qu'une rencontre, une découverte allait changer sa vie...
Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils pourraient se rencontrer ou seulement se croiser en « ces heures souterraines », en sortant du métro, en descendant du bus, en traversant la rue. Mais ils sont happés dans le tourbillon de la vitesse de la ville et l'immense solitude qu'elle abrite.
Le lecteur ne peut pas rester insensible à la souffrance de ces deux êtres et il se prend à espérer, au fil des pages, que ça se termine bien pour Mathilde et Thibault. Mais je crois qu'il ne faut pas compter sur Delphine de Vigan pour terminer un roman sur une note optimiste! Comme dans No et moi, la réalité est retranscrite avec talent, sans artifices.
Les heures souterraines
Delphine de Vigan
JC Lattès, 2009 (299 p.)